Numismatique : une valeur refuge ?
La vente aux enchères exceptionnelle des monnaies et médailles rares, organisée par MDC Monaco est l’occasion de se demander si la numismatique ne serait pas une valeur refuge.
La valeur numismatique d’une pièce d’or doit être distinguée de la valeur refuge; cependant en période de crise, elle est le seul actif à prendre de la valeur quand tous les autres en perdent (à l’exception de certaines pierres).
Toutes les pièces ne jouent pas aussi efficacement leur rôle de couverture et pour être de bons placements il faut regarder comment elles se comportent à l’achat et à la revente.
Pour être reconnu comme de l’or d’investissement il doit se présenter sous forme de barre, de lingot ou de plaquette, avec une pureté égale ou supérieure à 995 millièmes.
Pour les pièces les caractéristiques requises sont :
- une pureté égale ou supérieure à 900 millièmes ;
- frappées après 1800
- ayant ou ayant eu cours légal dans leur pays d’origine ;
- vendues sur le marché à un prix n’excédant pas 80% de la valeur de l’or qu’elles contiennent
Pour l’investisseur, une pièce d’investissement relevant de la numismatique ou de la semi-numismatique est une pièce en or ou en argent :
- émise après 1800 (les pièces antérieures relèvent plus des antiquités et du monde de la collection)
- dont la prime de fond est environ supérieure à 20%
- rare (demande très supérieure à l’offre, pièces fautées, pièces fondues dont il ne reste qu’une poignée d’exemplaires…)
- d’une qualité de conservation exceptionnelle pour leur millésime
- avec des caractéristiques, défauts et traces du temps; les experts étudient également les ateliers de frappe, la période, l’effigie de la pièce et l’alliage.
Lorsque ces caractéristiques sont réunies, la valeur numismatique dépasse largement la valeur refuge. C’est le cas de certaines pièces d’exception qui seront présentées le jeudi 29 Octobre prochain, lors de la 6ème vente aux enchères numismatique des monnaies et médailles rares organisée par MDC Monaco.
À la même période, en Octobre 2019, la vacation avait fait un résultat exceptionnel, atteignant les 9 millions d’euros frais compris, avec un prix record de 195.000€ pour une 10 roubles russe frappée sous Alexandre Ier en 1802 à Saint-Pétersbourg portant à l’avers un aigle bicéphale dans un écu entouré des écus de Moscou, du Kazan, de Sibérie et d’Astrakha.
La vente du 29 Octobre s’annonce particulièrement impressionnante aussi avec notamment certaines des plus grandes raretés d’or telle que la célèbre Una and the Lion, les 5 guinées les plus recherchées et des monnaies d’or Napoléon III rarissimes. Ainsi que des monnaies et médailles anciennes, modernes et du monde comme cette impressionnante monnaie, frappée entre 1841 et 1847 en Annam sous l’empereur Thiệu Trị – Vietnam – qui est considérée comme la plus grande pièce d’or émise au XIXe siècle. Rarissime, elle est connue à quelques exemplaires, et sera mise à prix à 100.000€.
Notre expert et collectionneur Gabriel Foglia nous en dit plus sur les lots de la vente.
« Nous avons remarqué dans les monnaies antiques le lot 49, un très beau décadrachme signé d’Evainète pour Syracuse en Sicile. Ce module est assez rare pour le signaler. Pour les monnaies romaines, au n°104 un aureus de Néron tout à fait exceptionnel, quasiment fleur de coin, et au n°135 un quinaire d’Alexandre Sévère dans un état de conservation irréprochable. Un rarissime médaillon de Constantin Ier au n°150 retiendra l’attention des amateurs.
Dans les monnaies modernes, de très gros modules en or, notamment d’Allemagne et d’Autriche nous semblent du plus grand intérêt. Les monnaies françaises sont bien représentées avec au n°363 un écu d’or à l’effigie d’Henri II d’une insigne rareté.
De très rares médailles en or de Louis XIV, Louis XV et Louis XVI sont également à remarquer. L’Empire français est représenté un N°595 par la mythique 100 francs or de 1861 E, un essai sur flan bruni d’une grande rareté et dans un état de conservation exceptionnel. Suivent d’autres modules de 100 francs or de la IIIe République tout aussi exceptionnels.
La Grande Bretagne est représentée au n°783 par une 5 guinées de 1682 frappée à Londres par Charles II, un des plus beaux exemplaires connus, ainsi qu’une autre 5 guinées de 1693 par Guillaume et Marie, frappée à Londres, connue sous le nom de « Elephant & Castel » en qualité fleur de coin, elle risque d’être le « clou du spectacle » de cette vente d’exception. D’autres monnaies britanniques sont présentes dans des états de conservation exceptionnels.
Un splendide double ducat milanais frappé par Ludovico Maria Sforza se trouve au n°884, il nous semble du plus grand intérêt, comme le ducat de Savoie frappé par Charles Ier au n°906, d’un grand intérêt numismatique.
Au n°974 nous avons remarqué un rare écu de Monaco, frappé par Honoré II en 1655, de bonne qualité pour cette frappe rare. S’en suit très rare le demi-écu du même Prince frappé en 1649. Dans cette vente beaucoup d’autres monnaies et médailles sont de très belle qualité et dignes d’intérêt. »
Cette belle vente de 1242 lots ne manquera pas d’être un temps fort de cette fin d’année et participera au rayonnement de Monaco sur le marché international de la numismatique. Quant aux plus passionnés, ils pourront préalablement assister aux 63èmes Journées numismatiques de la Société française de Numismatique qui auront lieu à Monaco du Vendredi 23 au dimanche 25 octobre 2020.
Article: Joana & Gabriel Foglia