Lot 353

Prix de départ : 40 000 €

Prix adjugé : 205 000 €

UGS : 14773 Catégorie :

CHINE

République de Chine (1912-1949). Dollar Xu Shichang, tranche lisse, avec attribution au Dr J. A. BUSSIÈRE An 10 (1921).

Av. Buste de trois-quarts face de Xu Shichang (Hsu Shih-Chang).
Rv. Légende en caractères chinois. Vue de l’entrée du pavillon de l’Hôpital de Pékin.

K.676a - L&M.957 ; Argent - 26,5 g - 39 mm - 12 h

Provient de la collection du Dr Jean Augustin Bussière, médecin et conseiller de la présidence chinoise de 1916 à 1924 : avec son attribution au Dr Bussière, conseiller médical du président XU Shichang.

PCGS SP Genuine Repaired - AU Detail (41321149). Tranche lisse. Unique et du plus grand intérêt historique. Légèrement nettoyé sinon TTB à superbe.

Exemplaire unique, avec attribution au revers, pour le Docteur Jean Augustin Bussière (1872-1958), médecin militaire français. Après son baccalauréat, Jean Augustin Bussière intègre l’École de médecine de la Marine de Brest en 1890, puis l’École de médecine de la Marine et des Colonies de Bordeaux. Il en part en 1895 pour Cherbourg et presque aussitôt pour le Sénégal où sévissent la peste, le choléra et d’autres maladies tropicales. Il est ensuite affecté en Inde française, à Karical, à Mahé et à Pondichéry où il prend la tête de l’École de médecine et rencontre son épouse, fille de négociants lyonnais. Au Tonkin en 1902, il renforce l’équipe de vaccination de l’institut Pasteur de Saigon avant d’être nommé en Perse. Puis, de retour en France, il devient adjoint au Directeur du Service de santé des Colonies. Passionné par l’aventure médicale de Yersin, il décide de partir en Chine pour Tien Tsin. Alors âgé de 41 ans, il ignore alors qu’il passera les 41 années suivantes en Chine. Devenu médecin conseiller de la Présidence, il partage avec le Dr Watt Wing les derniers jours de Yuan Shikai en 1916. Il devient le conseiller médical des présidents Li Yuanhong (1916-1917), de Feng Guozhang (1917-1918), Xu Shichang (1918-1922) ou Cao Kun (1923-1924). Les années font de lui le pilier de la présence française en Chine et il est nommé Directeur de l’Alliance Française, et président du comité de Pékin de la Croix Rouge française. Dans sa propriété de campagne au nord-ouest de Pékin, il établit un jardin et soigne, avec l’argent des riches urbains, les nécessiteux de la campagne. Il traverse la Deuxième guerre mondiale en aidant, au mépris du danger, les Chinois à lutter contre les envahisseurs japonais et devient un héros pour la Chine, tel que l’a décrit le président Xi-Jinping lors de sa visite en France en 2014. En 1954, de retour en France, il rentre dans son village natal au bord de la Sioule avant de décéder à l’âge de 86 ans Les pièces du « médecin de l’Empereur » Jean-Augustin Bussière (1872-1958) est fils d’instituteur rural de la Creuse et aîné de sept enfants. Il embrasse la carrière de médecin militaire en 1890 et, à sa sortie de l’École de Santé de la Marine et des Colonies, il participe de 1895 à 1912 à la lutte contre la variole, la peste et le choléra par la vaccination au Sénégal, à Pondichéry, à Saigon, à Chiraz et Bouchir. Jeune « pasteurien » remarqué, il accumule les récompenses et devient l’adjoint du directeur du Service de Santé des Troupes coloniales aux Invalides, et médecin de famille du maréchal Joffre, de 1909 à 1912. Il arrive en Chine en 1913 comme médecin chef du 16ème régiment d’infanterie coloniale de Tientsin et professeur de l’École de médecine navale. Un an plus tard, il devient le médecin de la légation de France à Pékin et le médecin-chef de l’hôpital français Saint Michel. Sa réputation de chirurgien grandit très vite car il soigne sans distinction les chinois les plus pauvres comme les dignitaires déchus de la cour impériale, les étrangers des légations et les politiciens de la Chine nouvelle. Victor Ségalen qui part explorer la statuaire dans l’Ouest de la Chine lui transmet dès son arrivée le poste de conseiller médical du Président Yuan Shikai, et de son fils Yuan Keding. Il partage avec son homologue chinois le Dr Watt Wing Tsas, l’ascension du leader chinois et même sa tentative de se faire autoproclamer empereur. Il recevra à cette occasion des propres mains de Yuan Shikai d’exceptionnelles frappes d’essais de monnaies. Après la disparition de Yuan Shikai, sa notoriété de « médecin de l’Empereur » comme le surnomme la presse locale, lui amène la charge de médecin conseiller des présidents Li Yuanhong, Feng Guozhang, Xu Shichang, et Cao Kun jusqu’en 1924. Sous leurs mandats, il devient doyen de l’Université l’Aurore à Shanghai, et fonde avec le président de l’université de Pékin Li Shizheng l’Université Sino-Française et sa branche médicale. En 1925, il est appelé au chevet du fondateur de la République Chinoise Sun Yatsen dont il assiste les derniers moments. Il sera aussi président de l’Alliance française et de la Croix Rouge française à Pékin. Quand il n’est pas au bloc opératoire, cet humaniste éclectique reçoit dans son « salon littéraire » du Hutong Ta Tien Shui Tsing à deux pas de la cité interdite, écrivains, voyageurs, diplomates, érudits et artistes chinois comme Xi Baishi, Mei Lanfan, Saint John Perse, Teilhard de Chardin, Alexandra David-Neel, Swen Hedin, Claude Farrère, Paul Pelliot. En 1937, en fait de retraite, il prend fait et cause pour les chinois contre la cruauté de l’occupation japonaise. Resté seul après le départ de ses enfants et petits-enfants, il se lie à une jeune artiste chinoise. Mais la pression des autorités du nouveau régime est trop forte et en 1954, après avoir passé 41 années à Pékin, Jean-Augustin Bussière rentre en France accompagné de sa jeune épouse Wu Sidan et se retire non loin de son village natal, à Châteauneuf-les-Bains où il s’éteint quatre ans plus tard en 1958, à l’âge de 85 ans, non sans avoir bâti à nouveau maison, famille et descendance. Après 60 ans d’oubli, son nom resurgit en 2014 lors du 50ème anniversaire des relations France-Chine (1964-2014), en raison des faits héroïques accomplis pendant la seconde guerre mondiale lorsqu’il transporta à vélo, de l’Hôpital Saint Michel à son dispensaire situé à 40 km dans les collines de Xishan, pendant plusieurs années, des pansements et médicaments à travers les lignes japonaises pour soigner les blessés chinois et les troupes arrières. Cette collection unique de frappes d’essais de monnaies est constituée des remerciements personnels des présidents pour services rendus à la nation, et s’inscrit définitivement comme un morceau de l’histoire de la Première République Chinoise et des relations franco-chinoises vécues par le témoin privilégié que fut le docteur Jean-Augustin Bussière. Jean-Louis Bussière, fils de Jean-Augustin Bussière